La santé privilégie l’usage du numérique pour former ses professionnels
Publié le 9 janvier 2020

La santé privilégie l’usage du numérique pour former ses professionnels

Le numérique et l’intelligence artificielle ont un fort impact sur la médecine d’aujourd’hui. Déjà utilisés lors du diagnostic médical, ils épaulent au quotidien les spécialistes dans leurs tâches. Prisés des professionnels, ces outils pourraient bientôt voir le jour dans les universités et centres de formation.

Le numérique regroupe un ensemble de technologies aussi bien utilisées par les particuliers que les professionnels. Devenu indispensable à notre société, il est synonyme d’innovation et de compétitivité.

La médecine est un secteur friand de digital, comptant sur cet outil pour progresser dans la recherche et améliorer les conditions de travail. Déjà mis en pratique dans les structures de santé, le numérique séduit les centres de formation qui souhaitent former les individus et rendre l’enseignement médical plus proches du réel.

 

Les centres de formations investissent dans des équipements numériques

La loi « Ma santé 2022 » votée par le Sénat en juillet 2019 a pour objectif d’améliorer le système de santé français d’ici 2022. L’organisation du projet repose sur 3 grands axes :

Les nouvelles technologies seront au cœur de cette réforme et l’Académie Nationale de Médecine veillera à la formation digitale des nouveaux professionnels de santé.

En Nouvelle Aquitaine, 27 IFSI (Instituts de Formation en Soins Infirmiers) se sont équipés de nouvelles installations pour renforcer les cursus de formation. Plusieurs millions d’euros ont été nécessaires au déploiement de ce « laboratoire du futur » pour former aux métiers d’avenir et participer à la mutation de ceux existants. En effet, le souhait de la Région est d’initier les futurs professionnels aux technologies et de favoriser leur aisance au quotidien.

Les serious game (activité qui combine intention sérieuse et jeu) ont été retenus pour être les principaux supports de formation grâce à leur ergonomie et leur aspect ludique. Loin de remplacer les cours théoriques, le programme numérique vient complémenter la formation classique en apportant un support pratique supplémentaire. Au total ce sont près de 35 situations qui ont été élaborées dans des environnements virtuels pour permettre aux étudiants de conduire un projet de soins infirmiers.

La Faculté de Médecine Paris Descartes s’est elle aussi engagée à fournir à ses étudiants, un environnement digital adapté. Elle a ainsi créé Ilumens, un laboratoire Universitaire Médical d’Enseignement utilisant des technologies Numériques et de Simulation.
L’aspect réaliste du programme est particulièrement mis en avant en travaillant notamment sur la cohésion d’équipe et la coordination des soins. L’immersion va permettre aux élèves de mieux appréhender les cas réels.

Pour tester ces nouveaux dispositifs, les deux organismes ont acquis de nouveaux ordinateurs et une connexion fibrée : le Conseil Régional de la Nouvelle Aquitaine a par exemple soutenu le projet avec un investissement de 1,6 million pour équiper les 27 IFSI. En effet, les différents outils employés nécessitent une rapidité de connexion absolue pour plusieurs raisons : logiciels complexes, interactivité, personnalisation. La connexion Très Haut Débit, obligatoire au bon fonctionnement de ce dispositif, permet de développer une nouvelle méthode d’enseignement.

 

En immersion numérique

L’un des principaux avantages de la simulation numérique est qu’elle s’adresse à l’ensemble des métiers de la santé et peut être personnalisable pour les secteurs « de niche ».
En plus de s’adapter à l’utilisateur, ce type de formation peut s’affranchir de contrainte liée à la distance et d’un nombre restreint de participants. De même, en cas d’incompréhension, les exercices peuvent se refaire au centre de formation ou à la maison.

La plupart des cas pratiques sont disponibles sur ordinateurs mais les formations privilégient les casques de réalité virtuelle pour une immersion totale. Longtemps associée aux jeux vidéo, la réalité virtuelle a conquis de nombreux secteurs dont la santé. Aux États-Unis par exemple, Occulus a accompagné de multiples centres de formations. La société spécialisée dans la réalité virtuelle a également noué un partenariat avec le CHLA (l’hôpital pour enfants de Los Angeles) en formant les étudiants en médecine afin de répondre aux urgences pédiatriques.

Autre solution plébiscitée, le casque Hololens de Microsoft qui a la particularité de mieux retranscrire l’anatomie d’un corps de part un niveau de détail élevé. L’outil va en effet permettre aux élèves de se déplacer, de manipuler les organes, de zoomer, etc.

La réalité virtuelle traduit une approche plus fidèle de la réalité, cependant des enseignants de l’Université de Queen’s au Canada mènent une étude en la comparant aux méthodes d’apprentissage classiques. L’objectif des recherches est de mesurer l’impact de cette technologie afin d’en améliorer son contenu pédagogique et son ergonomie.
Pour le moment, les experts tirent le constat suivant : la simulation virtuelle permettrait aux étudiants d’assimiler plus rapidement des compétences (apprentissages), compétences non-techniques (gestion de crise, communication d’équipe, amélioration des points faibles…) et des savoir-être (relation avec le patient, attitude…).

 

L’impression 3D remplace les vrais corps

Serait-il possible de se passer des corps « donnés à la science » pour les étudiants en médecine ?
La réalité virtuelle nous a prouvé qu’elle se rapprochait grandement du réel, mais qu’elle ne pouvait pas remplacer totalement les véritables interventions chirurgicales.
Les procédures médicales demandent des gestes précis qui ne peuvent s’acquérir que par ce type d’exercice. Il est cependant possible d’élaborer une infinité de scénarios différents, d’évaluer les situations critiques, de débriefer après l’exercice pour mettre en œuvre des actions d’amélioration.

Une équipe de chercheurs de l’Université Monash de Melbourne a élaboré un kit d’anatomie par impression 3D, destiné à la formation médicale.
L’imprimante reproduit quasiment à l’identique les membres et organes pour permettre aux étudiants d’effectuer les mêmes manipulations que sur les cadavres. En plus d’être rares et onéreux, les corps nécessitent une gestion particulière, ce qui limite le nombre de pratiques réelles.

Malgré un processus de fabrication encore difficile pour les membres artificiels, cette méthode pourrait bien faciliter les exercices d’interventions chirurgicales des étudiants.

 

Après les IFSI de Nouvelle Aquitaine et la Faculté Descartes à Paris, d’autres établissements français pourraient très prochainement intégrer des outils à la pointe du numérique dans leur programme.
La fibre optique demeure une infrastructure essentielle au développement de ces centres de formation du futur, en garantissant un débit suffisant et une fluidité d’usage de la réalité virtuelle, de l’impression 3D, de serious game interactifs…
L’Académie Nationale de Médecine souhaite pérenniser le digital, qui montre d’ores et déjà des résultats encourageants.

 

Charlotte B.

 

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