Comment l’industrie de la musique s’est adaptée au numérique
Publié le 8 mars 2021

Comment l’industrie de la musique s’est adaptée au numérique

Le début des années 2000 aura marqué un tournant dans le monde de la musique. Avec l’apparition du web, le numérique a influencé la création musicale ainsi que ses modes de diffusion jusqu’à aujourd’hui. Dans une société toujours impactée par les restrictions sanitaires, quel rapport l’industrie de la musique entretient-elle avec le digital en 2021 ?

Vinyle, cassette, CD, téléchargement, streaming… La musique a constamment fait évoluer ses modes de diffusion. En s’imprégnant des mutations technologiques, elle est parvenue à passer d’un support physique à une écoute totalement dématérialisée.

Si aujourd’hui les amateurs de musique ont toujours le choix entre chacun de ces modes de lecture, le streaming semble tirer son épingle du jeu.

 

Les débuts de la musique dématérialisée

Avec la démocratisation du digital, les individus ont le choix entre les supports physiques, tels que les vinyles, cassettes ou CD, et le téléchargement ou le streaming. L’avantage des uns réside dans leur forme : un objet qu’on possède et qui, une fois acquis, est réutilisable. Quant aux autres, ils permettent aux utilisateurs une plus ample mobilité grâce à une écoute multisupport, ainsi qu’un tarif moins onéreux (gratuité des titres ou système d’abonnement).

Aujourd’hui, bien qu’on assiste au retour en force du vinyle, le streaming continue de distancer ses supports concurrents. Pourtant, jusqu’en 2015, l’écoute en ligne n’était pas encore assez rentable. En France, 42% de la population fut séduite par ce type de service. La plupart d’entre elle se rendait sur les sites gratuits tels que YouTube ou Dailymotion. Seuls 17% souscrivait à une plateforme payante comme Deezer ou Spotify. En cause ? Un modèle économique encore trop peu développé, avec un choix tout de même restreint qui peine à séduire les auditeurs.

 

Le boom des plateformes de streaming musical

Cinq ans plus tard, le streaming est de loin le mode d’écoute préféré des Français. Les plateformes payantes, plus particulièrement, ont su se démarquer grâce à une offre intéressante. Un abonnement d’une dizaine d’euros pour un service illimité, sans publicité ou interruption. Un système moins coûteux que l’acquisition de plusieurs CD, cassettes ou vinyles, d’autant plus que les utilisateurs ont la possibilité de créer leurs propres playlists et de les partager.

Un autre de ses avantages s’intègre dans la mobilité du streaming. Un seul compte pour plusieurs supports d’écoute. TV, ordinateur, tablette, smartphone, enceinte… Avec la multiplication des appareils connectés dans les foyers, les utilisateurs souhaitent une musique qui s’adapte à leur mode de vie.

La connectivité a, en effet, pris une place très importante dans notre quotidien. Si celle-ci a littéralement explosé ces cinq dernières années, c’est par l’amélioration de nos connexions internet que nos objets connectés ont naturellement pris place dans nos foyers. En effet, le développement d’infrastructures a largement favorisé un meilleur débit, et donc la possibilité d’avoir de multiples appareils.

En anticipant cette montée des usages numériques, l’Etat et les collectivités ont lancé en 2013 le Plan France Très Haut Débit. Une mesure qui vise à lutter contre les inégalités de connexion en offrant à tous un accès au Très Haut Débit. D’ici 2025, la quasi-totalité du territoire sera couverte par la fibre optique, soit la meilleure technologie en termes de puissance et de fiabilité. Au travail comme à la maison, chaque Français sera libre de jouir d’objets connectés et de bien d’autres usages.

Pour l’heure, plus de 10 millions de Français sont raccordés à la fibre, dont 3,3 millions rien qu’en 2020. Plus de connectivité c’est également un meilleur accès aux services numériques, dont le streaming musical qui enregistre, lui aussi, son année record : 10,1 milliards de dollars de chiffre d’affaires dans le monde, soit une augmentation de 13,5% par rapport à 2019.

L’écoute en ligne représente aujourd’hui près de 83% du marché, soit presque neuf fois plus que la vente de disques (9%). Quant aux téléchargements, ils atteignent 6% tandis que les 2% restants proviennent de la synchronisation (redevances publicitaires, cinématographiques, etc).

 

 

La crise sanitaire révèle une autre façon de consommer la musique

Avec une hausse de l’utilisation des appareils connectés et des usages numériques, les entreprises ont profité de cette opportunité pour investir dans la dématérialisation. Ainsi, le Suédois Spotify et l’Américain AppleMusic, deux géants du marché, ont réussi à élargir leur bibliothèque avec de nouveaux artistes.

Il y a à peine plus d’un an, le Français Jean-Jacques Goldman a rejoint ces plateformes ainsi que Deezer. Un nouvel écosystème pour cet artiste confirmé, plutôt habitué aux concerts et aux ventes physiques. Il rejoint ainsi Francis Cabrel, et d’autres grands noms de la musique, auparavant sceptiques de ce nouveau type de support audio.

Si la variété française est désormais bien présente dans les playlists streaming, la musique classique tardait encore. Avec les orchestres annulés et reportés suite aux restrictions sanitaires, 2020 a changé la donne. À l’instar d’autres secteurs d’activités, le genre musical s’est emparé des nouvelles technologies afin de perdurer. Désormais, certains concerts sont donnés en ligne. Mais ce n’est pas tout ! Les confinements ont entrainé la venue de la musique classique, auparavant très timide, sur les plateformes de streaming.

Selon Yannick Fage, responsable des registres classique et jazz chez Deezer, les auditeurs sont plus curieux et éclectiques qu’auparavant ! Même constat révélé chez Primephonic, plateforme dédiée exclusivement à la musique classique. « Avec le coronavirus, nous nous développons plus vite qu’auparavant et en France : notre nombre d’abonnés a doublé depuis le début de l’épidémie » confie le PDG, Thomas Steffens à France Musique. « D’un côté, les fans de musique classique, souvent au-dessus de 50 ans, qui avaient beaucoup de CD et qui se lancent dans le streaming parce qu’ils ne peuvent plus se rendre aux concerts, notamment. » avec en parallèle « Des jeunes qui ont plus de temps libre pour découvrir de nouveaux genres. » ajoute-il.

Le digital joue ainsi un rôle bénéfique dans la transformation de la musique. Souligné par la crise sanitaire, un tout nouvel écosystème se met en place. Si le streaming a su pallier le manque d’événements physiques, les concerts s’improvisent également en ligne.

De nombreux artistes ont donné rendez-vous à leurs fans sur YouTube, Facebook ou encore la plateforme Twitch. D’autres, comme Gims, disposent d’un site dédié en vue de développer ce type de divertissement. Un nouveau service en complément des représentations physiques, lorsque celles-ci pourront reprendre.
On peut également souligner, grâce aux capacités numériques actuelles, la création de festivals internationaux en ligne, comme l’a démontré Tomorrowland.

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En à peine cinq ans, le streaming est devenu le premier mode de diffusion musical dans le monde. Si les cassettes, CD et vinyles sont toujours présents sur le marché, la musique en ligne a su s’imposer grâce à des offres attractives. Une large bibliothèque d’artistes à écouter en illimité pour seulement quelques euros par mois. Mais le streaming c’est aussi la musique qui s’adapte à notre quotidien : il suffit d’un seul compte pour démultiplier les supports d’écoute. Grâce à la fibre optique et ses grandes capacités en termes de débit, l’usage d’appareils connectés est désormais très accessible. Il en est de même pour la lecture des titres : une bonne connexion est nécessaire afin de ne pas subir de coupure en pleine écoute.

Le streaming continuera-t-il son ascension ? La crise sanitaire a marqué l’arrivée de nouveaux artistes et genres qui viennent renforcer l’offre déjà présente. Mais certaines entreprises, comme Deezer veulent aller encore plus loin. Cibler les moins de 18 ans avec de nouveaux contenus, façonner le monde de l’après Covid-19… Le champ de possibles est grand ouvert !

 

 

Charlotte B.

 

 

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