Dossier mairie 4.0 : à l’aide du numérique, les communes renforcent l’inclusion et le bien-être social
Publié le 20 décembre 2021

Dossier mairie 4.0 : à l’aide du numérique, les communes renforcent l’inclusion et le bien-être social

Parmi l’ensemble des collectivités territoriales, la commune est celle qui agit sur le plus petit territoire. En effet, son premier objet est de répondre directement aux besoins des citoyens. Cela fait d’elle un acteur incontournable sur le plan social et inclusif pour que chacun se sente bien dans sa municipalité. Afin de remplir cette mission, sur quels outils numériques les collectivités peuvent-elles ainsi s’appuyer ?

 

L’inclusion numérique, pour des services égaux entre tous les citoyens  

Au plus proche des citoyens, les communes s’engagent à toujours agir en faveur des administrés. Pour s’améliorer, elles engagent un dialogue avec les habitants, duquel naissent des idées et nouveaux projets. L’e-administration en est un exemple et figure parmi les plus gros changements observés au sein du service public de proximité. A la demande des citoyens, une partie conséquente des démarches est dématérialisée afin d’en faciliter l’accès. Il s’agit de réduire les contraintes horaires et géographiques pour faciliter le parcours des usagers.

En ce sens, les communes veillent à ce que chaque citoyen soit inclus dans les changements qu’elles opèrent. Dans le cadre de notre exemple, il s’agit de corriger la fracture numérique (l’inégalité d’accès aux technologies de l’information et de la communication) en favorisant l’inclusion numérique.

13 millions de Français serait concernés par cette inégalité, faisant de l’inclusion numérique un défi majeur pour notre société. Lancé en 2013, le Plan France Très Haut Débit a déjà participé à corriger cette inégalité en apportant la fibre optique sur tout le territoire. Un premier pas pour rapprocher les individus du numérique, en permettant à tous les Français d’avoir une haute qualité de connexion internet.

Dans un second temps, l’Etat a élaboré une stratégie nationale pour un numérique inclusif, en promouvant notamment la formation de la population. En février 2020, Emmanuel Macron déclarait « Le numérique ne doit pas être réservé aux plus agiles ni aux plus favorisés, ni aux plus urbains. Chacun doit y trouver les moyens de gagner en autonomie, d’avoir la capacité d’agir, d’entreprendre et de choisir sa vie. »

 

L’exemple du Numéripôle de Bras-sur-Meuse

En ce sens, de nombreuses collectivités ont fait le choix de se mobiliser pour lutter contre l’illectronisme. D’une part, pour venir à bout des inégalités, de l’autre, pour proposer de nouveaux services digitalisés. C’est le cas de Bras-sur-Meuse située dans le Grand-Est. Cette petite commune de 700 habitants a créé un espace de formation pour que chacun puisse venir se former. Le Numeripôle accueille ainsi les habitants du village pour découvrir les multiples usages du numérique.

Des plus basiques (utilisation du smartphone, envoi de mails, commande en ligne, déclarer ses impôts en ligne…) aux plus compliqués (photographie, montage vidéo…), les cours sont facile à mettre en place, même pour les plus petites communes ! A Bas-sur-Meuse, ils attirent de nombreux administrés ! « Chaque personne choisit les formations qui l’intéressent et peut ainsi se former dans des domaines précis. Autre avantage, nous leur proposons des créneaux d’accès libre, afin de répondre à leurs questions ou tout simplement pour mettre en application ce qu’ils ont appris en formation », explique Loïc Patenere, l’animateur multimédia du Numéripôle.

Consciente que chacun ne dispose pas de ressources matérielles chez soi, la mairie met à disposition plusieurs ordinateurs ainsi qu’un tableau numérique. Pour attirer les jeunes et les impliquer dans la démarche, elle a également investi dans du matériel e-sport (ordinateur gamer, casque VR…).

Grâce à ses activités, développées par le déploiement de la fibre optique dans le village, Bras-sur-Meuse favorise l’inclusion numérique. En un an, ce sont près de 400 personnes qui ont pu se former et développer les usages du numérique. Depuis sa création, ce tiers-lieu connait un grand succès, allant même jusqu’à attirer des habitants des communes voisines ! Au-delà de la curiosité suscitée par cette initiative, le Numéripole répond à un véritable besoin sociétal qu’est l’inclusion numérique.

 

Favoriser les relations et l’entraide entre habitants

Si les communes ont à cœur de corriger les inégalités, elles apportent également beaucoup d’importance à l’entraide et à la cohésion sur le territoire. Fondements du bien-être social, ces enjeux participent à créer une ambiance agréable pour que chacun se sente bien dans sa commune.

 

Les Fablab, ces tiers-lieux solidaires qui s’installent dans nos communes

Véritables forums contemporains, les tiers-lieux ont su insuffler cette dynamique ! Ces espaces de sociabilité favorisent les échanges et les rencontres au niveau local. S’ils possèdent tous ce point commun, les tiers-lieux sont multiples et différents : coworking, campus connecté, atelier partagé… Le Fablab (ou laboratoire de fabrication) est sans doute l’une des structure les plus adaptées aux collectivités et à leur besoin de solidarité.

En effet, cet espace permet de partager des connaissances et de créer toute sorte d’objets. Souvent équipé d’imprimantes 3D, de fraiseuses à commande numérique, de découpe laser, de scanner 3D et même de machine à coudre, le Fablab est le lieu idéal pour les bricoleurs et créatifs. Mais pas seulement ! À Biarne, petit village jurassien de 400 habitants, ce tiers-lieu avait pour objectif de rendre service aux habitants de la commune. Soutenu par les élus et l’association Net Iki, le Fablab communal répare des pièces de machines, d’électroménager, ou d’autres objets en les modélisant en 3D puis en les imprimant. Grâce au Très Haut Débit, les étapes se succèdent avec rapidité sans avoir à patienter d’un outil à un autre ! En privilégiant la réparation, la mairie et ses administrés s’engagent aussi en faveur de l’environnement !

Chaque mois, l’association ouvre ses portes pour que chacun puisse y découvrir les activités. Au-delà des machines, c’est une ambiance conviviale qui règne dans ce tiers-lieu. Les membres de Net Iki forment également les habitants à la modélisation et à l’utilisation des machines pour développer leur autonomie ou pour qu’ils puissent aider eux-mêmes des proches. A l’aide du numérique, ils construisent ensemble un cercle vertueux solidaire et éco-responsable.

 

Les plateformes d’entraide, pour rendre service à ses voisins

Le Fablab est un formidable outil pour fonder un lieu d’échanges dans la commune. Néanmoins, sa création nécessite un certain investissement pour l’acquisition de machines et la mise à disposition de locaux.

Les communes ont alors la possibilité de créer un espace solidaire directement en ligne ! En souscrivant à une plateforme comme « entraidons-nous » ou en créant une page sur le site internet de la mairie comme l’a fait la ville de MontMorency. Grâce à la publication d’annonces, il est possible d’offrir ou de recevoir de l’aide de la part d’un autre habitant. La mise en relation se fait rapidement, par mail ou directement sur la plateforme.

Même pour les plus petites communes, la qualité de connexion internet ainsi que l’inclusion numérique n’excluent aucun citoyen d’une telle initiative ! Ainsi, jeunes, familles et personnes âgées ont la possibilité de compter sur ce réseau d’entraide et de lutter contre l’isolement.

 

La Mairie 4.0, une commune qui préserve ses administrés

La télémédecine pour lutter contre les déserts médicaux

Soucieuse de bâtir le meilleur cadre de vie pour leurs habitants, les communes sont à la recherche de pistes d’amélioration. Parmi les grandes problématiques que rencontrent les zones rurales, on retrouve la garantie des services de soin. Comme l’a démontré l’épidémie que nous traversons, la santé de proximité est essentielle pour préserver la population.

Fortement touchées par la désertification médicale, les campagnes voient leur attractivité et confort de vie baisser. Malgré les efforts pour attirer de nouvelles générations de soignants, les communes manquent de praticiens. Pour venir à bout de ce problème, l’Etat et les Régions aident les territoires à développer des projets de télémédecine. Il s’agit d’une pratique médicale effectuée à distance grâce à l’emploi de technologies numériques. Les consultations se font généralement par visioconférence, où le patient échange avec un praticien. Si nécessaire, la séance peut être accompagné d’une infirmière ou d’un aide-soignant pour effectuer les osculations sous le regard du médecin.

Avec la télémédecine, les collectivités apportent une réponse pertinente aux inégalités engendrées par les déserts médicaux. Le lancement du Plan France Très Haut Débit a permis d’apporter la fibre optique en priorité dans les campagnes. Ainsi, les services de télémédecine ont d’abord pu se développer dans les territoires qui en avaient le plus besoin.

Pour encourager l’e-santé, les collectivités peuvent investir dans un cabinet de télémédecine ou bien communiquer sur la procédure et les praticiens disponibles. Dans la Meuse, la commune de Cousances-les-Forges a dédié un espace à cette pratique. « Il n’y a plus de médecin généraliste dans la commune », note Marie-Catherine Trecul, l’une des infirmières qui assiste les patients pendant la consultation. En à peine quelques mois, cette « expérimentation » s’est développée au point de devenir le réflexe santé des habitants de la commune ! « Les gens se confient même à travers la caméra, j’arrive à tisser des liens avec les patients. » partage le Dr Kern au média L’Est Républicain. Bien que la télémédecine ne puisse remplacer certaines consultations, elle constitue une solution accessible pour toutes les communes en manque de praticiens.

 

La domotique pour redonner de l’autonomie aux séniors

Un autre défi auquel sont confrontés les villages est l’exode de ses seniors. Comment bien vieillir dans une commune familière, malgré les difficultés liées à l’âge ? Si la télémédecine permet déjà de répondre à la problématique de la santé, qu’en est-il de la perte d’autonomie ?

L’évolution technologique pourrait bien être la clé pour permettre à nos aînés de s’installer ou de rester vivre dans un logement indépendant. A la ville ou à la campagne, les collectivités bâtissent des quartiers séniors composés de maisons ou appartements domotisés. À l’inverse des maisons de retraites, ces logements sont automatisés afin de garantir l’indépendance de ses résidants.

La téléassistance figure parmi les principaux services proposés par la domotique. En cas de chute ou de malaise, les personnes âgées ont la possibilité de contacter un proche ou un téléassistant via une télécommande, un médaillon ou des capteurs. Le signal se fait automatiquement si l’individu ne présente aucun mouvement. Autres fonctionnalités intéressantes, les alarmes, qui détectent les intrusions, ou la gestion énergétique centralisée qui offre un certain confort de vie aux séniors.

Grâce à l’arrivée du Très Haut Débit, des petites communes comme celle de Dannemarie (2 300 habitants) ont pu pérenniser le quotidien de leurs séniors. Près de 3 500m² sont consacrés au village sénior, entièrement domotisé. Au-delà des détecteurs de fumé et de la gestion automatique des volets, de l’éclairage, chaque habitation est équipée d’une tablette tactile pour profiter de soins ou passer une commande. Proche de toutes commodités, les aînés sont déjà séduits par le concept !

 

 

Comment créer un sentiment de bien-être dans sa commune pour l’ensemble des habitants ? Si aucune recette miracle n’existe pour le moment, le numérique reste un ingrédient à ne pas négliger ! Pour les collectivités, le digital peut se révéler un formidable outil capable de proposer une multitude de services. Mais avant cette étape, il est important d’inclure chaque citoyen en proposant des formations pour l’utilisation des nouvelles technologies. En prenant soin de lutter contre les inégalités et l’illectronisme, les communes vont pouvoir créer un climat enthousiaste et solidaire à l’aide de tiers-lieux comme le Fablab ou via des plateformes d’entre-aide locales. Enfin, les communes pourront lancer des projets de télémédecine et de logements domotisés pour garantir une vie paisible aux habitants de tout âge. Grâce à la fibre optique et à la généralisation du Très Haut Débit, les Mairie 4.0 font évoluer leur commune en un lieu inclusif et chaleureux au profit du bien-être social.

 

Charlotte B.

 

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