Pour améliorer leur compétitivité, les ports se raccordent à la fibre
Publié le 18 septembre 2020

Pour améliorer leur compétitivité, les ports se raccordent à la fibre

Les nouvelles technologies ont prouvé à maintes reprises leur capacité à servir de levier de croissance. À l’heure où les échanges internationaux n’ont jamais été si importants, les transports maritimes français souhaitent redynamiser leur activité et booster leur compétitivité. Zoom sur ces nouveaux Smart Ports.  

 

Le transport maritime est en pleine mutation. Dans un contexte mondialisé, l’augmentation des flux de voyageurs et de marchandises met les acteurs des ports internationaux à rudes épreuves. Comment assurer le trafic tout en faisant face à la concurrence ?
Rien qu’en 2019, ce type de transport représentait 80% du commerce international, soit près de 10 milliards de tonnes de marchandises. La mer est une porte ouverte à l’international qui représente un enjeu économique de taille. Devant l’aéronautique et les télécommunications, le commerce maritime devrait représenter près de 2 000 milliards d’euros fin 2020.

Actuellement, le marché est dominé par l’Asie avec des ports plus grands et récents. Au niveau européen, la France se situe à la 6e place avec Marseille et 9e avec Le Havre. L’objectif de ces ports, est de remonter dans le classement pour se rapprocher de ses voisins néerlandais et belges : Rotterdam, Hambourg et Anvers.

En faisant de Marseille et Le Havre des ports intelligents (smart ports), la France compte s’instaurer à nouveau comme un acteur maritime important à l’échelle internationale. En devenant connectées, ces zones portuaires pourront avoir une vue d’ensemble de leurs activités et prendre des décisions rapides et adaptées.
L’enjeu est principalement économique, même si le développement durable entre également dans les objectifs. À lui seul, le transport maritime représente près de 2,5% des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial. Un chiffre qu’il est urgent de réduire, notamment avec l’optimisation des cargaisons et le contrôle logistique.

 

Le contrôle des marchandises pour gagner en réactivité

Face aux avantages délivrés par la fibre optique, les ports du Havre et de Marseille ont pris la décision d’opter pour une démarche smart (intelligente) en connectant l’ensemble de leur structure. Les deux ports les plus dynamiques de l’hexagone y voient un fort intérêt économique, mais aussi un gain d’agilité.

En ce sens, les structures portuaires se sont dotées d’un dispositif informatique de traçage et d’enregistrement des marchandises, avant et pendant leur arrivée au port. Au cœur de l’activité, les marchandises doivent faire l’objet d’un minutieux contrôle si les acteurs du port veulent assurer une qualité de service.
Dans ce cas, il s’agit d’instaurer une logistique prédictive, grâce au traitement de l’historique des transits par des intelligences artificielles. Avec une grande base de données accumulée, ces systèmes numériques intelligents vont pouvoir élaborer plusieurs scénarios, afin d’anticiper de futures problématiques.
Ces logiciels parviendront également à informer les clients en temps réel du traçage de leurs marchandises.

Pour compléter ce dispositif, Le Havre et Marseille se sont orientés vers des outils permettant de connecter les conteneurs. Les deux ports français se sont équipés de systèmes informatiques qui, grâce à des capteurs placés à l’intérieur des conteneurs, sont capables de délivrer de nombreuses informations. Les agents du port peuvent ainsi déterminer la localisation des conteneurs, s’ils sont vides ou pleins ou encore s’ils ont subi un choc ou s’ils sont endommagés.
Ainsi, les bateaux permettent d’optimiser leur cargaison en évitant de charger des conteneurs vides. Une amélioration logistique et écologique puisqu’elle permet aux cargos de voyager plus léger ou de limiter les aller-retours. Quant aux conteneurs endommagés, ils peuvent être rapidement remplacés afin de garantir la sécurité du personnel et des marchandises.

Le numérique permet d’apporter de véritables solutions aux structures portuaires. Grâce au développement d’un système numérique connecté à différents supports, les ports ont la possibilité d’obtenir une vision d’ensemble sur les marchandises. Désormais raccordés à la fibre optique, Le Havre et Marseille disposent d’une bande passante suffisante pour de telles infrastructures. La fibre délivre également aux intelligences artificielles, une vitesse de calcul inégalée. Elle est indispensable pour assurer un fonctionnement à grande échelle, en temps réel, et sans perte de débit !

 

Fluidifier le trafic pour gagner en réactivité 

Le trafic fait partie des autres grandes préoccupations des ports. Ces zones d’échanges figurent en effet parmi les lieux où on retrouve la plus grande diversité de véhicule : bateaux, camions, trains, voitures, bus de passagers, véhicules de manutentions… Bien que tous ces véhicules ne partagent pas les mêmes routes, le trafic reste dense, voire difficile à gérer lors de contre-temps.

Le Smart Port City du Havre, par exemple, a souhaité améliorer la circulation des navires en priorité. Il s’agit d’établir des plans numériques de fond de mer en temps réel pour connaître la profondeur de chaque zone. L’objectif est d’indiquer les emplacements disponibles selon le tirant d’eau des bateaux. « Nous allons numériser ces plans, les mettre à jour systématiquement et les rendre accessibles à nos clients en temps réel » explique Baptiste Maurand, directeur adjoint du port du Havre.

 

Le port d’Hambourg, quant à lui, dispose d’une application lui permettant de vaincre les bouchons endémiques, souvent occasionnés par des retards. « Quand un bateau arrive en retard, des bouchons se forment. Car ce n’est pas seulement un camion mais jusqu’à 14.000 poids lourds qui viennent récupérer leurs conteneurs.», confie Sebastian Saxe, directeur du projet SmartPort à Hambourg.
Cette application informe donc les chauffeurs de poids lourds en temps réel de l’heure d’arrivée des bateaux, ainsi que des voies à emprunter. Sur le parking, le port d’Hambourg a tenu à simplifier le stationnement grâce à la présence de capteurs pour informer des places disponibles.

Actuellement, le Brain Port Community de Marseille travaille sur un projet similaire, toujours accessible en temps réel pour gagner en réactivité face aux imprévus. Pour les ports ayant déjà eu recours aux solutions connectées, ils remarquent une hausse de l’efficacité et un gain de temps considérable.

 

Un regard vers le développement durable

Les plus grands ports européens ont d’ores et déjà pris une longueur d’avance sur Le Havre ou Marseille. Rotterdam fut le pionnier avec une automatisation lancée dès 1993. En 2018, la structure portuaire a d’ailleurs signé avec IBM pour connecter l’ensemble du port via des capteurs, afin de faire remonter les informations sur un unique tableau de bord. On y retrouve notamment les données de trafic et de gestion de marchandises, mais également la météo, le niveau de l’eau, les courants, etc.
En gagnant du temps et de la flexibilité, le port de Rotterdam a su économiser des déplacements et ses ressources. Des économies de coûts, qui profitent également à l’environnement.

Du point de vue d’Hambourg, l’énergie occupe une place encore plus importante. Le port s’est équipé d’éoliennes afin de fabriquer sa propre énergie. Tout comme la ville, le port intègre un éclairage intelligent, actif uniquement lorsqu’il détecte une présence.

Bien que la recherche d’efficacité des zones portuaires reste l’objectif principal, les ports n’hésitent pas à intégrer dans leur démarche les principes du développement durable pour préserver les ressources et l’environnement.

 

 

Face à une concurrence mondiale, les grands ports européens de Rotterdam, Hambourg et Anvers se démarquent grâce à leur fonctionnement en réseau. Le Brain Port Community de Marseille ainsi que le Smart Port City du Havre comptent bien suivre leur exemple, depuis leur raccordement à la fibre optique. Celle-ci a déjà permis de mettre en place des systèmes connectés pour améliorer le trafic et la gestion des marchandises. Les capteurs et intelligences artificielles déployés ont permis aux zones portuaires de gagner en efficacité, en temps. Bien que la généralisation des outils numériques porte un intérêt économique, ils offrent également la possibilité de limiter la consommation de carburant, et d’optimiser les éclairages. Une économie de ressources encourageant la préservation de l’environnement et qui demain, promet bien d’autres usages.

 

 

Charlotte B.

 

 

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