Incendies : les moyens numériques des pompiers pour prévenir des départs de feu
Publié le 26 août 2021

Incendies : les moyens numériques des pompiers pour prévenir des départs de feu

Le Sud de la France connaît actuellement de graves incendies. Le département du Var a particulièrement été touché avec plus de 7 000 hectares brûlés. Face à des feux de forêt de plus en plus dévastateurs, les pompiers mettent en place une nouvelle stratégie : s’emparer du numérique en tant qu’outil de prévention et de lutte contre les flammes.

Chaque année, les incendies font des ravages dans le monde entier. Grèce, Finlande, Etats-Unis, Russie… la sécheresse estivale est particulièrement propice aux départs de feu. Avec le réchauffement climatique, les risques s’accentuent de toute part sur la planète. Selon un rapport de l’ONU, les températures devraient grimper plus rapidement au sein du bassin méditerranéen qu’au niveau mondial. D’ici quelques années, on estime le double voire le triple de forêts brulées.

Pour pallier ces risques de plus en plus élevés, les services d’incendie et de secours font appel au numérique. À l’instar de la santé, pour qui le processus de digitalisation est déjà avancé, les chercheurs et industriels viennent en aide au secteur. C’est main dans la main qu’ils travaillent avec les soldats du feu pour rendre leurs actions plus performantes, tant sur le terrain qu’en amont des interventions.

 

Détecter les situations à risques

« La meilleure arme contre le feu, c’est son anticipation » explique Vincent Pastor, Responsable de la cellule Brûlage Dirigé du SDIS Bouches-du-Rhône. Et pour cause, des incendies d’une sévérité inattendue continuent de se déclarer chaque année, surpassant les capacités des pompiers. La vitesse de propagation d’un feu est extrêmement rapide et peut, en quelques minutes seulement, atteindre plusieurs hectares de végétation et se propager jusqu’aux habitations.

La prévention permet ainsi de définir les zones de danger, d’évaluer les risques et d’éviter les départs de feu. Dans un premier temps, les pompiers cartographient les zones sensibles à l’aide de drones. Dotés de capteurs thermiques, les appareils survolent le paysage à la recherche de points chauds où pourrait se développer un feu. Cette technique est notamment utilisée en Corse, dans le cadre du projet Goliat (Groupement d’outils pour la lutte incendie et l’aménagement du territoire).

Suite à la collecte et à l’analyse de ces données, les chercheurs peuvent établir un plan de réaménagement du territoire. Souvent, il s’agit de créer des corridors sans végétation ou de planter des espèces végétales qui font barrage au feu, comme le figuier de barbarie. Grâce au stockage numérique des informations, les scientifiques peuvent établir des évolutions dans le temps et perfectionner l’installation de matériaux protecteurs et résistants.

Dans un second temps, les équipes de recherche se chargent de modéliser le territoire. Cette étape est nécessaire pour prédire les situations des incendies. L’usage de drone a ainsi donné lieu aux projets TechForFire (Institut universitaire des systèmes thermiques industriels de l’université Aix-Marseille) et ANR FireCaster (Université de Corse Pasquale Paoli), chargés de simuler la propagation du feu. Les conditions météorologiques et la végétation sont deux facteurs non-négligeables que prennent en compte les logiciels. Les zones sèches ou les parcelles mal débroussaillées font notamment l’objet d’une vigilance supplémentaire.

 

La multiplication des outils numériques lors des interventions

Avant et après chaque intervention, les fiches-bilan regroupent le maximum de précisions au sujet d’une intervention. En amont, les pompiers l’utilisent pour connaître l’état des lieux et adapter leurs moyens. Dématérialisées sur tablettes, les soldats du feu peuvent y avoir accès partout et ainsi prendre connaissance des détails au fur et à mesure. En effet, il est possible d’ajouter des informations ou documents annexes comme des photos, qui sont mis à jour en temps réel et partagés au reste de l’équipe. C’est donc un précieux outil qui facilite la cohésion des interventions.

Pour renforcer ce dispositif, des caméras surveillent les bois et massifs sensibles. Déjà utilisées pour détecter les départs de feu, les images en direct de la vidéosurveillance orientent la préparation des pompiers. En effet, cela leur permet de connaître les conditions d’intervention et le degré d’alerte. Dans le Var, les soldats du feu utilisent cet outil depuis deux ans.

Lors des récents incendies qui ont eu lieu dans le département, les caméras ont joué un rôle clé dans la prise de décision. « Cela permet d’avoir rapidement une levée de doute, un état du départ de feu, ainsi que des éléments dans les premières minutes qui vont permettre de guider nos moyens. » affirme le colonel Sylvain Besson, directeur départemental adjoint du SDIS Hérault, au journal télévisé de TF1.

Sur le terrain-même, les drones sont une nouvelle fois sollicités. Leur capacité à voler en haute altitude leur permet de survoler des zones dangereuses, parfois inaccessibles par les professionnels du feu. Depuis les airs, ils disposent d’un nouvel angle pour éteindre les flammes. Primé au concours Lépine, « Drone Pompier, tracker reprise de feu », développé par quatre inventeurs français et la société Air Marine, accompagne les SDIS dans les interventions complexes. Equipé de moyens d’extinction, ce drone vient renforcer la maîtrise du feu. Par ailleurs, le développement de ce type de moyens évite de mobiliser les pilotes de Canadair et limite leur exposition au danger.

 

La fibre optique ouvre la voie de la transformation digitale des pompiers

La préservation du territoire face aux feux de forêt est enjeu majeur pour les services d’incendie et de secours. Pour gagner en efficacité, l’usage du numérique s’est généralisé au sein des casernes.

Il y a quelques années encore, l’acquisition de solutions connectées était impossible en raison d’un débit internet moyen trop faible en France. Les logiciels de modélisation, l’utilisation de drone ou encore la vidéo surveillance en temps réel étaient impossible à développer pour des structures comme les SDIS. Depuis le déploiement généralisé de la fibre optique, les pompiers ont pu franchir le cap du digital ! Grâce à sa rapidité et à sa large bande passante, la fibre assure désormais l’utilisation d’un panel d’outils gourmands en débit.

En ce sens, le raccordement des centres de secours a permis de gagner un précieux temps avant et pendant les interventions. Concernant les feux de forêt, c’est davantage de parcelles sauvées et d’individus mis en sécurité.

Sur le terrain, pas de problème de connexion non plus ! Le Plan France Très Haut Débit, initié par l’Etat et les collectivités, apporte partout la fibre sur le territoire. En corrigeant les inégalités de connexion internet, les zones les moins bien desservies disposent désormais d’un Très Haut Débit, ce qui rend possible l’usage d’appareils connectés en montagne ou en pleine forêt.

 

 

Bien plus qu’un défi technologique, le numérique est d’une précieuse aide pour lutter contre les feux de forêt. En amont, les pompiers l’utilisent pour évaluer les zones à risques, modéliser les parcelles et aménager le territoire. Sur le terrain, des tablettes connectées permettent d’enrichir les bilans des interventions et de coordonner les services à distance. La fibre optique leur offre également la possibilité de développer des outils de pointe comme les drones-pompiers, chargés d’éteindre les flammes depuis les airs.

Ensemble, ces solutions digitales améliorent considérablement l’efficacité des actions menées par les soldats du feu. Un gain de performance indispensable aujourd’hui, pour protéger notre environnement et assurer la sécurité des citoyens.

Charlotte B.

 

 

 

 

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