Le programme E-Meuse santé
Publié le 5 avril 2019

Le programme E-Meuse santé

L’innovation numérique est en passe de remporter une grande bataille, menée en ce moment même par plusieurs départements en France : celle de la lutte contre la désertification médicale et sanitaire dans les territoires ruraux. L’enjeu qui en découle consiste donc à réduire les distances entre patients et professionnels de santé dans ces territoires. Comment ? Grâce à la pratique médicale à distance et de l’e-santé.

Or, les réseaux de fibre optique en cours de déploiement par les Réseaux d’Initiative Publique dans les territoires ruraux, dans le cadre du Plan France Très Haut Débit, constituent le prérequis d’une bonne couverture numérique et in fine la condition préalable à la généralisation de cette pratique médicale à distance partout sur le territoire.

Basé sur le développement des usages numériques dans le secteur médical, le programme E-Meuse santé, initié au printemps 2018, se destine à améliorer l’accès aux soins de tous en territoire rural. Destiné à devenir un modèle pour l’ensemble des départements français, il pousse les innovations technologiques et organisationnelles des acteurs du secteur médical à un niveau de maturité jusque-là inégalé.

Qu’est-ce que l’e-Santé ?

L’e-santé désigne l’ensemble des pratiques médicales de la télémédecine, porté par les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC) et les dernières innovations en matière d’objets connectés (ou IoT, pour Internet of Things). Ils concourent, en effet, à faciliter la prise en charge des patients à distance. Le domaine de l’e-santé recouvre ainsi plusieurs dispositifs techniques, dont les avantages pour les personnes isolées sont considérables : la téléconsultation, la télésurveillance, la téléassistance médicale, la télé-chirurgie*etc.

Le développement de l’e-santé en France vise à résoudre les problématiques d’aménagement médical et sanitaire du territoire. Son fort potentiel vise, avant tout, les territoires ruraux touchés de plein fouet par la fracture médicale, malgré une augmentation continuelle du nombre de médecins chaque année. En effet, la raréfaction de l’offre médicale dans ces zones (zones urbaines plus attractives, départs en retraite des médecins) conjuguée avec le vieillissement de la population de manière générale, pose de nombreuses problématiques en termes de santé publique dans ces territoires plus ou moins isolés.

L’e-santé permet justement aux habitants de ces zones de bénéficier d’un suivi a minima sans sortir de leur domicile et/ou renforcé depuis une maison médicale connectée proche de lui, au moyen des dispositifs techniques évoqués ci-dessus. Elle favorise ainsi la redynamisation des zones qui seraient, désertées et isolées sur le plan médical et sanitaire.

L’usage croissant de dispositifs connectés permettant l’amélioration de la qualité et de l’efficacité des soins de santé, nécessite évidemment la présence de réseaux (Très) Haut Ddébit. Ainsi, en matière de Très Haut Débit, la fibre optique incarne la seule technologie à la fois pérenne et capable de relever l’un des nombreux défis auquel sera confrontée la télémédecine de demain : collecter « ici et maintenant » les données biologiques des patient(e)s nécessaires au suivi de leur pathologie par les professionnels de santé.

*consulter l’article en lien : La médecine chirurgicale s’affranchit des distances grâce à la fibre optique.

L’aménagement numérique des territoires soutien à l’innovation en matière d’E-Santé en France

Initié au printemps 2013, le Plan France Très Haut Débit a permis à plusieurs Réseaux d’Initiative Publique de voir le jour. Ils sont chargés de déployer des réseaux de fibre optique dans les territoires ruraux.

Condition nécessaire à la résolution des difficultés actuelles d’accès aux soins, le déploiement de réseaux de fibre optique, dans ces territoires, permet à ces derniers de se doter d’une bonne couverture numérique et in fine d’accueillir des dispositifs d’e-santé destinés à assurer la continuité de la pratique médicale peu importe la distance séparant patients et professionnels de santé.

En effet, le lancement du plan a entrainé dans son sillage bon nombre de transformations organisationnelles et technologiques, touchant tous les domaines d’activités et notamment celui de la santé. Autrement dit, le déploiement de réseaux de fibre optique stimule l’innovation en matière de pratiques médicales à distance et concoure au développement des usages numériques dans le secteur médical permettant ainsi de réduire les contraintes liées au déplacement des malades et d’assurer le suivi des patients atteints de maladies chroniques tout en luttant contre les déserts médicaux.

Territoire emblématique du monde rural, la Meuse fait partie des 7 départements de la Région Grand-Est à bénéficier de l’action du Réseau d’Initiative Publique Losange (Délégation de Service Publique concessive lancée à l’été 2017) en charge du déploiement de la fibre optique dans l’ensemble du département.

L’action de ce dernier concoure directement à la poursuite de l’ambition portée par le programme E-Meuse Santé initié au printemps 2018 (et qui n’aurait pu voir le jour sans un déploiement d’une telle envergure) : améliorer l’accès aux soins de tous en territoire rural grâce à l’innovation numérique.

Le programme e-Meuse Santé (2018-2028) : l’innovation numérique au service des patients

Initié par le CEA Tech (Commissariat à l’Energie Atomique), acteur clé de la recherche technologique en France et véritable usine à innovation en matière d’e-santé, avec le concours d’Orano et d’EDF, et l’appui de la Région Grand-Est, le programme e-Meuse Santé s’inscrit dans la continuité de la stratégie nationale de santé 2018-2022.

Accueilli avec enthousiasme, dès son lancement, par Cédric Cablan, délégué territorial de la Meuse de l’Agence Régionale de Santé (ARS), le Département de la Meuse tient aujourd’hui un rôle de catalyseur des actions menées sur l’ensemble du territoire (innovations organisationnelles et technologiques, nouveaux modèles économiques, accompagnement à l’adoption de nouveaux usages), en vue d’un déploiement futur à l’échelle nationale.

Le programme s’articule ainsi autour de six points clés, organisés par ordre de priorité :

1 : Améliorer la prévention et le dépistage ;

2 : Améliorer l’accès aux soins ;

3 : Améliorer la prise en charge et le suivi d’un maladie chronique ;

4 : renforcer le rôle du patient atteint d’une maladie chronique ;

5 : Améliorer le suivi des femmes enceintes ;

6 : Favoriser le maintien à domicile.

L’ensemble de ces objectifs stratégiques est en outre aligné sur les orientations nationales décidées en matière de santé publique, et validées par l’Agence Régionale de Santé (ARS) et l’Assurance Maladie.

Une première série de travaux ont ainsi permis de renforcer l’ambition portée par le département de la Meuse à travers ce programme, et de faire émerger la volonté commune à tous les acteurs du département et de la région, d’intégrer des innovations organisationnelles et technologiques au profit du maillage du territoire et de la coordination des professionnels de santé sur le terrain. Un idéal en devenir, cohérent avec les orientations prises tant à l’échelle nationale (« Virage numérique » des systèmes de santé) que régionale (Projet Régional de Santé 2018-2028).

Pour le président du Conseil départemental de la Meuse, Claude Léonard, il s’agit ni plus ni moins de favoriser l’inscription des pratiques médicales innovantes dans le dispositif de droit commun comme ce fut le cas pour la téléconsultation, introduite parmi les activités de télémédecine, depuis le 15 septembre 2018. En outre, la dimension sociétale du projet e-Meuse santé et la capacité de ses parties prenantes, tant publiques que privées, à participer intelligemment aux changements multiples qu’induirait la généralisation de l’e-santé partout sur le territoire français, constituent les points primordiaux du projet.

Afin de mesurer la température auprès des meusiens et meusiennes, une enquête téléphonique (entre le 6 et le 13 décembre 2018), un questionnaire en ligne (entre le 5 février et le 15 mars 2019) ainsi qu’une version papier distribuée avec le magazine départemental Meuse 55 (entre le 18 février et le 15 mars 2019), ont été mis en place. L’état de l’opinion ainsi captée permettra de soutenir les acteurs du projet dans l’accompagnement du changement auprès des habitants. De la même façon, les communautés médicales et socio-médicales sont sollicitées en ligne. L’ensemble des résultats sera restitué à la fin du mois d’avril. Affaire à suivre donc…

Concrètement, cette révolution technologique dans le milieu médical aura pour conséquence l’apparition progressive de dispositifs techniques connectés adaptés aux pathologies de chaque patient(e). Exemple avec M. et Mme Martin.

2018 : M. et Mme Martin sont retraités depuis peu. Mme Martin souffre d’hypertension et de surpoids. M. Martin lui souffre d’un diabète. Malheureusement, leur médecin de famille vient lui aussi de prendre sa retraite. Il se sentent désemparés…

2028 : Le déploiement de la fibre optique dans le village, dans lequel M. et Mme Martin habitent a su séduire un jeune diplômé de médecine qui a repris, depuis quelques années déjà, le cabinet de son prédécesseur.

M. et Mme Martin font un point avec leur médecin traitant une à deux fois par an. Le reste du temps Mme Martin, fait appel à des professionnels de santé par visioconférence afin d’adapter son équilibre alimentaire ainsi que son activité physique.

Quant à lui, M. Martin permet de suivre l’évolution de son diabète, sans quitter son domicile, à l’aide d’un dispositif connecté simplifiant la production de ses bilans de biologie qui sont directement transmis par Bluetooth au laboratoire médical puis à son médecin traitant. Exemple avec le « Labpad » : un dispositif d’analyse de biologie portable.

Le « LabPad » : le laboratoire portatif des analyses biologiques en phase d’expérimentation dans le département

Fondé par le CEA-Leti de Grenoble, la startup Avalun est une startup grenobloise est active sur le marché de l’e-santé depuis 2013. Son ambition ? Relever l’un des principaux défis auquel sera confrontée la médecine de demain : collecter « ici et maintenant » les mesures biologiques dont patients et professionnels de santé ont besoin. Proactive en matière de recherche et développement de dispositifs d’analyses portables pour applications médicales ou vétérinaires, elle cherche véritablement à repousser les limites de la biologie délocalisée tout en concourant à l’amélioration de nos systèmes de santé et de la qualité de vie des patients.

Elle consacre ainsi toute son énergie au développement d’un dispositif Point Of Care (POC), de nouvelle génération : le « Labpad ». Expérimenté pour la première fois fin 2018 dans le cadre du programme e-Santé Meuse, au sein de 4 Etablissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), il vise à répondre aux problématiques de mobilité des patients de ces établissements. Leurs résidents ont pu tester ce laboratoire de poche développé par la startup. Un petit bijou technologique permettant de gagner du temps (résultats en moins d’une minute) et de procéder à plusieurs analyses de biologies courantes (nécessaires au suivi du traitement des pathologies cardiaques, respiratoires et du diabète) avec un seul et unique appareil.

Comment fonctionne-t-il exactement ?

Ce système intelligent se compose d’une gamme de microcuvettes Tsmart® contenant un réactif lyophilisé(1). Lorsque vous insérez l’une d’entre elles, l’appareil s’allume automatiquement.

Il vous est alors demandé à l’écran, d’appliquer la microgoutte de sang (3 µL, c’est-à-dire moins d’1 mL) sur la coupelle dédiée à cet effet. Lorsque le sang se mélange au réactif lyophilisé(1) contenu dans la Tsmart®, les réactions engendrées, caractéristiques du paramètre à mesurer, sont observées en temps réel par le « microscope miniaturisé » automatisé, équipé d’un capteur CMOS Complementary Metal Oxide Semi-Conductor) et intégré à l’appareil. Pendant ce temps, un algorithme de traitement d’images dédié, génère le résultat qui s’affiche à l’écran.

Il vous suffit enfin de retirer la microcuvette de l’appareil. Le résultat est alors transmis via Bluetooth au laboratoire médical chargé de valider ensuite le résultat. La goutte de sang ne voyage pas, mais la donnée oui et ce sans que vous ayez besoin de sortir de chez vous !

Qui sait tout ce que le corps médical pourra accomplir à distance demain ? Aujourd’hui l’apport de la fibre optique transforme les territoires ruraux en terres d’expérimentations numériques innovantes en matière d’e-santé.

De plus, la fibre continuera de faire progresser la qualité de nos communications sans fil nécessaires au développement de dispositifs techniques connectés et à la pratique de la médecine à distance.

(1)  liquide dédié notamment à l’analyse d’échantillons de sang.

Adeline M.

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