Voilà plus d’un an que les Français traversent une situation particulière. Bien que les rassemblements soient extrêmement restreints, il est hors de question de faire l’impasse sur la culture ! Et si on se divertissait depuis chez soi, grâce au numérique ?
Le milieu de la culture a fortement été impacté par l’épidémie. Au grand regret de tous, les salles ont dû fermer leurs portes, reportant à plus tard les concerts, pièces de théâtre et autres spectacles vivants. Pour autant, ce contexte incertain ne viendra pas à bout de la culture !
Rassemblant habituellement des dizaines, centaines voire milliers de personnes, ces manifestations ont dû être repensées pour perdurer. La démocratisation du numérique offre une véritable opportunité au spectacle vivant. Avec le succès des plateformes de streaming et l’accessibilité de la vidéo, pourquoi ne pas proposer une offre digitale ?
Bien que la captation et la diffusion des spectacles impliquent une nouvelle façon de travailler, les événements virtuels offrent une alternative à l’annulation ou le report indéfini.
Si pour le moment les théâtres sont toujours fermés au public, les répétitions restent maintenues ! Le débat s’est alors ouvert autour de la diffusion : le spectacle vivant est-il adaptable aux supports en ligne ?
Seul moyen d’empêcher l’art de la scène d’être à l’arrêt, les troupes et grandes institutions se sont mobilisées pour mettre à profit les outils digitaux. Un bond technologique pour le théâtre, peu habitué au numérique.
La Comédie Française a été l’une des premières à se jeter à l’eau avec la création d’une Web-TV. Dans un premier temps, les comédiens ont imaginé « la causerie », un programme où ils se confient sur différents thèmes ainsi que le « off » du théâtre. « On n’avait pas de savoir-faire technique au début. On a fait avec ce qu’on pouvait dans l’esprit du hic et nunc, de l’immédiateté propre au théâtre. » aborde Eric Ruf, acteur et metteur en scène, dans Les Echos.
Puis d’autres vidéos vinrent compléter l’offre : des lectures de pièces, des rediffusions, ou encore « le théâtre à table », une pièce entière préparée en seulement 5 jours par les comédiens et jouée autour d’une table. Avec son programme numérique, la Comédie Française a pu conserver le lien avec son public, et élargir celui-ci bien au-delà de ses habitués. La Web-TV compte plus d’un million de spectateurs ! Une belle récompense pour la troupe, qui s’est rapidement accoutumée au numérique. « Les comédiens français sont devenus des geeks ! », plaisante Eric Ruf.
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Les fans de stand-up peuvent se réjouir ! Les humoristes migrent eux aussi sur les plateformes digitales en attendant la réouverture des salles.
Mieux adaptés à la diffusion grâce au travail de captation récurrent, les spectacles humoristiques ont rapidement pris le virage numérique à l’annonce des mesures sanitaires. Dès avril, de nombreux artistes ont souhaité partager un moment de rire avec les Français confinés en mettant leurs shows en ligne. Parmi eux, « Pulsion » de la star de Bref, Kyan Khojandi, « #Franglais » pour perfectionner son anglais (ou pas) avec Paul Taylor, « Inflammable » du co-auteur de Studio Bagel et Golden Moustache, David Azencot, les stand-up du Montreux Comedy Festival et bien d’autres.
Si la plupart d’entre eux ont choisi Youtube comme canal de diffusion, le prolongement de la situation sanitaire a fait émerger de nouvelles idées. En tenant compte de la place toujours plus importante du numérique dans notre quotidien, les artistes se sont alliés à des spécialistes du streaming afin d’élaborer des plateformes en ligne.
Gigson.live, l’une d’entre elle, a produit et diffusé le spectacle de Gad Elmaleh et Kev Adams en janvier dernier. Habitué au digital, Sam Smadja, le producteur du show, confie à SudInfo « J’ai 10 ans d’expérience dans le streaming, même si ce n’était pas en live. […] Oui, on se lance dans l’humour. Ce sont les porte-drapeaux du premier live streaming humoristique. ». Confiant, il est également persuadé de la pérennité de ce type de divertissement en ligne.
Plus récemment, le festival « Mont-Blanc d’humour » a lui aussi misé sur le streaming en direct pour sa 37e édition. Un format inédit diffusé sur la plateforme Blenzik, notamment prisée par le milieu de la musique.
À l’instar des autres secteurs culturels, la musique s’est, elle aussi, vu privée de ses concerts. Moins touchée sur le plan économique grâce à ses autres sources de revenus (streaming, CD, droits d’auteurs…), l’industrie musicale a tout de même pris un tournant crucial : faire des représentations physiques un divertissement virtuel.
Essentiellement en direct, les concerts « live stream » offrent une autre expérience au public. Bien que l’aspect émotionnel soit amplifié en réel, le numérique se différencie par une nouvelle mise en scène et une meilleure maîtrise visuelle et sonore.
Billie Eilish, l’une des artistes incontournables du moment, a sauté le pas en octobre dernier. En direct depuis Los Angeles, son premier concert en ligne a été suivi dans le monde entier. Un show parfaitement millimétré dans lequel les décors réels/virtuels et les effets spéciaux plongent le public dans un tout autre univers.
Un événement unique qui s’accompagne d’une bonne action, puisqu’une partie des revenus perçus est reversée aux acteurs de l’industrie musicale les plus touchés par la crise. Seconde bonne nouvelle : un accès à des produits dérivés exclusifs, faisant le bonheur des fans de la chanteuse.
En passe de se démocratiser, ces concerts virtuels trouvent investisseurs ! Le 12 janvier, Sony a annoncé créer Sony Immersive Music Studios, une nouvelle filiale entièrement dédiée aux expériences musicales immersives.
Lors du CES 2021 en janvier dernier, le géant de l’électronique explique vouloir aller plus loin que la simple reproduction d’un show réel. Pour la chanteuse et mannequin américaine Madison Beer, la firme a utilisé des outils de capture 3D pour réaliser les décors. Grâce à l’évolution technologique et la généralisation de la fibre optique, ces processus complexes et gourmands en débit sont tout à fait réalisables. Sony confie ainsi pouvoir recréer des éléments comme le feu ou la pluie ou encore offrir la possibilité de se déplacer sur la scène
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Le numérique occupe une place importante dans notre quotidien. Cette transition digitale s’opère par le déploiement de nouvelles infrastructures telles que la fibre optique, délivrant un accès au Très Haut Débit. Cette connexion puissante donne lieu à de nouveaux usages et a l’avantage d’être répartie de manière équitable sur tout le territoire. De ce fait, chaque citoyen peut avoir accès à des services en ligne ou des objets connectés.
C’est notamment via cette politique d’inclusion numérique que des services de streaming peuvent se développer. Sans un débit suffisant, impossible de créer du contenu vidéo de haute qualité, des effets spéciaux, etc. Ce critère est tout aussi important pour la diffusion : les live doivent pouvoir être fluides pour les organisateurs comme pour le public. En ce sens, la fibre joue un rôle crucial afin de faire fonctionner cet écosystème digital.
Par ailleurs, cette infrastructure ouvre la porte à de nouvelles technologies ! Demain, la réalité virtuelle sera davantage accessible. Les géants du digital comme Apple travaillent actuellement au développement de ce type d’outils et à leur intégration dans de nouveaux divertissements. Son concurrent Microsoft se penche, lui, sur le développement d’hologrammes. Le spectacle vivant pourrait également devenir une véritable expérience sensorielle en stimulant le touché via des gants ou capteurs ou encore l’odorat avec des émetteurs olfactifs.
Alors, l’avenir de la culture tend-il vers le digital ? La crise sanitaire a poussé les acteurs du spectacle vivant à s’orienter vers des solutions virtuelles. Pour les intermittents, c’est une manière de poursuivre leur passion et d’élargir le public. Loin de remplacer définitivement les événements physiques, le numérique offre une alternative sur le long terme et permet de façonner de nouvelles scénographies, des décors, etc. Grâce à la fibre, le spectacle continue et promet, d’ici peu, de nous offrir de nouvelles expériences uniques !
Charlotte B.